Intégration des étudiants internationaux et développement en région
15 décembre 2025
Regroupement des cégeps des régions
Les cégeps de régions : moteurs d'intégration et de vitalité pour les territoires du Québec
Alors que les régions du Québec font face à des défis démographiques et économiques importants, les cégeps de régions se positionnent comme des acteurs incontournables dans l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants au sein de ces communautés. Loin d'être simplement des lieux d’études, ils constituent de véritables portes d'entrée vers des milieux dynamiques, où les projets d’études deviennent des projets de vie.
Une volonté d'accueillir et de former les talents de demain
Les régions du Québec voient dans l'immigration une richesse à accueillir et dont il faut prendre soin, pour assurer une intégration réussie de celle-ci. Face aux besoins criants de main-d'œuvre qualifiée dans des secteurs névralgiques, comme la santé et l'éducation, l'ingénierie et le manufacturier, les cégeps de régions agissent en formant et en accompagnant les talents de demain dont les communautés ont tant besoin.
L'objectif et l’expertise des établissements collégiaux dépassent toutefois la simple transmission de connaissances. Il s'agit de créer une expérience englobante, qui lie éducation, milieu de vie et intégration sociale et culturelle pour un épanouissement personnel à travers une démarche colossale. Cet accompagnement personnalisé reconnaît les défis spécifiques de l'immigration : choc culturel, éloignement familial, adaptation au système éducatif et apprentissage du français, entre autres.
« Pour nous, accueillir un étudiant, ce n’est pas seulement lui offrir des cours : c’est l’accompagner dans son intégration, dans son adaptation et dans la compréhension de son nouveau milieu. C’est un travail complet qui dépasse largement la salle de classe », rappelle André Gobeil, directeur général du Cégep de Chicoutimi.
Les régions offrent des milieux de vie à échelle humaine où des liens serrés se tissent et où chacun peut trouver sa place. Les cégeps multiplient les initiatives concrètes : activités d'immersion communautaire, programmes d'accompagnement à l'installation, mentorat interculturel jumelant étudiants locaux et internationaux, et stages en entreprise régionale. Plusieurs étudiants reçoivent d'ailleurs des offres d'emploi avant même d'obtenir leur diplôme, favorisant ainsi leur rétention en région, mais contribuant aussi à la construction d’un sentiment d’appartenance. Malgré les offres d’emplois avant l’obtention du diplôme, les cégeps de régions posent les gestes pour conduire les étudiants à l’obtention de leur diplôme et vers leur réussite. Selon Julie Gasse, directrice générale du Collège de Rimouski, « Les personnes les plus appropriées pour déterminer les besoins, ce sont les leaders en formation et les leaders économiques et qui sont responsables de nos régions. »
Un besoin de ressources pour maintenir la qualité d’accueil
Pour continuer à jouer ce rôle essentiel, les cégeps ont besoin de moyens adéquats. Dans son mémoire déposé sur la Planification pluriannuelle en immigration 2026-2029 du gouvernement du Québec de même que ces mémoires pré-budgétaires des dernières années, le Regroupement des cégeps de régions a formulé des recommandations claires, notamment l'abolition du plafonnement des dépenses en infrastructures. Les besoins sont réels, tant pour les étudiants internationaux que québécois : résidences étudiantes, espaces d'apprentissage modernes, services de soutien psychosocial et ressources de francisation. Le Regroupement demande également une plus grande autonomie pour les cégeps, qui reconnaîtrait leur capacité démontrée à s'autoréguler et à respecter les cadres normatifs. Les cégeps connaissent leurs communautés, comprennent les besoins du marché du travail local et sont les mieux placés pour gérer leur capacité et les services aux études qui en découlent.
Rétablir le PEQ : un impératif régional
Dans cette optique de se donner les moyens d’offrir un accueil optimal à ceux qui choisissent le Québec, la suspension du Programme de l'expérience québécoise (PEQ) a des conséquences dévastatrices pour les régions et la réussite d’une immigration intégrée et régionalisée.
« Le PEQ représentait la manière la plus efficace de favoriser une immigration formée, intégrée et répondant aux besoins du marché régional. Former des étudiants pendant des années, les voir s'intégrer dans la communauté, développer des liens avec des employeurs locaux, et puis leur fermer la porte de l'immigration permanente constitue une incohérence majeure qui nuit tant aux étudiants qu'aux employeurs régionaux qui comptaient sur cette main-d'œuvre et aux communautés qui les avaient accueillis » explique Sylvain Gaudreault, directeur général du Cégep de Jonquière et président du Regroupement des cégeps de région.
À titre de rappel, le PEQ était une voie accélérée vers la résidence permanente pour les étudiants internationaux diplômés au Québec et les travailleurs étrangers temporaires ayant acquis une expérience de travail dans la province. C'était l'une des seules voies d'immigration qui offrait une certaine prévisibilité, tant aux personnes qu'aux entreprises et même aux établissements d'enseignement. Avec sa fin, le gouvernement lance un message ambigu à la communauté étudiante internationale par rapport à leur avenir en sol québécois. Désormais, ces étudiants doivent passer par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), un système compétitif basé sur une déclaration d'intérêt, sans aucune garantie de sélection. Cette incertitude compromet les efforts d'attraction et de rétention des cégeps de régions, qui peinent à rassurer des candidats potentiels sur leurs perspectives d'établissement durable au Québec
Conclusion : un partenariat essentiel pour l'avenir des régions
Les cégeps de régions offrent une formation technique et préuniversitaire de qualité, un milieu d'accueil favorable à l'intégration et une porte d'entrée vers des communautés qui voient dans l'immigration une richesse et une force pour leur vitalité économique et sociale.
M. Gaudreault vante l’excellence des cégeps de région :
« Les cégeps de régions ont prouvé qu'ils sont à la hauteur pour prendre soin de ceux qui choisissent le Québec comme terre d’accueil. Ils ont démontré leur volonté et leur capacité d'accueillir. Il faut maintenant leur donner les outils pour continuer à faire la différence dans la vie de milliers d'étudiants internationaux et dans l'avenir des régions. Le Regroupement tient à rappeler au gouvernement la richesse que constitue l’immigration pour le Québec et ses régions et l’importance de prendre soin de ceux qui choisissent de contribuer à notre société. »
Pour que les cégeps continuent de se démarquer par les services qu’ils offrent aux étudiants internationaux, le gouvernement doit leur donner les moyens de leur mission : autonomie dans la gestion de l'accueil, investissements en infrastructures et reconnaissance de leur rôle central dans l'intégration des nouveaux arrivants. Sans cela, la régionalisation et l’intégration de l’immigration au Québec sera compromise.