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Intégration sociale

Les enjeux spécifiques des entrepreneurs issus de l'immigration situés en région.

08 mars 2023

Anne Solène Rioult

Lorsqu'on parle d'entrepreneuriat, on fait référence “au fait de démarrer une activité dont on est soi-même l'initiateur”. Et bien, c’est aussi ce que l’on vit quand on immigre, c’est déjà un projet en soi !

Il est à noter que selon le dernier Indice entrepreneurial québécois[1], en ce qui concerne les immigrants :

“Ce groupe est toujours deux fois plus « dynamique » : les taux d’intentions et de démarches des personnes issues de l’immigration demeurent toujours en 2021 deux fois plus élevées que ceux des personnes natives.

Intentions : 25,7 % pour les personnes immigrantes contre 13,3 % pour les personnes natives,

Démarches : respectivement 12,2 % et 6,4 %. 

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Indice entrepreneurial québécois

En 2021, le taux de propriétaires est plus élevé chez les personnes issues de l’immigration (6,9 %, comparativement à 5,3 % chez les personnes natives), et s’explique particulièrement par le taux nettement plus élevé de nouveaux propriétaires en activité depuis moins d’un an pour ce groupe (15,7 % contre 9,0 % pour les personnes natives).

Signe de résilience, soulignons aussi les nombreux pivots que les propriétaires issus de l’immigration ont pu effectuer dans la dernière année à différents égards. À titre d’exemple : la transformation de l’entreprise pour offrir une gamme de produits/services différente (55,3 % contre 36,1 % pour les personnes natives) et l’adoption d’une nouvelle approche commerciale (56,1 % contre 37,5 %).”

Si l'on prend d’autres chiffres éloquents, sur le repreneuriat[2]:

“Le spectre de fermeture représente alors la fermeture prématurée d’environ 2 200 entreprises supplémentaires au Québec et de 5 000 entreprises ailleurs au Canada au cours des dix prochaines années. Ces fermetures représentent une perte d’approximativement 20,1 milliards $ du chiffre d’affaires annuel des entreprises au Québec et de 65,7 milliards $ au Canada après dix ans. En matière d’emplois, notre estimation du spectre de fermeture représente une perte directe d’emplois d’environ 84 000 au Québec et 276 000 au Canada après dix ans.”

Ces entreprises se trouvent souvent en région, d’où l’importance d’attirer les immigrants qui font clairement partie de cette “réserve entrepreneuriale” !

Quelques exemples d'enjeux que peuvent vivre les entrepreneurs issus de l'immigration


Mais l'entrepreneuriat peut être un choix difficile, et les entrepreneurs issus de l'immigration au Québec peuvent être confrontés à des enjeux spécifiques liés à leurs expériences culturelles, linguistiques et socio-économiques.

En voici quelques-uns :

1) Les barrières linguistiques : Les entrepreneurs immigrants peuvent être confrontés à des barrières linguistiques et de communication, en particulier s'ils ne parlent pas couramment le français, qui est la langue principale au Québec. Cela peut constituer un obstacle à la communication avec les clients, les fournisseurs et les organismes gouvernementaux. Cela peut également limiter leur capacité à accéder à des ressources telles que des subventions, des prêts et des programmes de mentorat.

2) Manque de réseaux ou réseau limité à leur communauté : Les immigrants peuvent manquer de réseaux professionnels établis au Québec, ce qui peut limiter leur accès aux clients, aux fournisseurs et à d'autres ressources. Cela peut s'avérer particulièrement difficile pour les entrepreneurs qui opèrent dans des marchés de niche ou qui ont besoin de connaissances spécialisées.

3) Manque de connaissance de l’écosystème d’accès à des réseaux de distribution hors Québec, voir hors Canada : les banques comme la BDC qui sont des banques réservées aux entrepreneur.e.s ou encore EDC (exportation et développement Canada) sont des entités qui ne font pas partie de leur vie quotidienne et qu’ils doivent découvrir.

4) L'accès au financement ou au capital de risque : Les entrepreneurs immigrants peuvent avoir des difficultés à obtenir du financement, en raison de leurs antécédents limités en matière de crédit ou de l'absence de garanties. La littératie financière devrait être plus accessible à ces populations car ils peuvent également avoir du mal à s'y retrouver dans le système bancaire canadien, qui peut être très différent de celui de leur pays d'origine.

5) Différences culturelles : Les entrepreneurs issus de l'immigration peuvent avoir besoin d'adapter leurs pratiques commerciales à la culture locale, ce qui peut constituer un défi. Il s'agit notamment de comprendre les normes culturelles ou encore les codes culturels d’affaires nord-américain, l'étiquette commerciale et les exigences légales.

6) Discrimination : Les immigrants peuvent être victimes de discrimination de la part de clients, d'employés ou de partenaires potentiels en raison de leur race, de leur origine ethnique ou de leur nationalité. Cela peut limiter leurs chances de croissance et de réussite et rendre difficile l'établissement de leur entreprise et la concurrence sur le marché.

7) Naviguer dans l'environnement réglementaire : Le démarrage et l'exploitation d'une entreprise au Québec peuvent être un processus complexe et bureaucratique, et les entrepreneurs immigrants peuvent être confrontés à des défis supplémentaires pour naviguer dans l'environnement réglementaire en raison des barrières linguistiques et culturelles.

8) Reconnaissance des titres de compétences et/ou de l’expérience dans leur pays d’origine : Les immigrants peuvent avoir des difficultés à faire reconnaître leurs études et leur expérience professionnelle au Québec, ce qui peut limiter leur accès à certaines professions ou industries. Cela peut également rendre difficile pour eux l'embauche d'employés qualifiés.

Dans l'ensemble, les entrepreneurs immigrants au Québec peuvent être confrontés à une série de défis qui peuvent rendre plus difficile le démarrage et la croissance de leur entreprise. Toutefois, il existe de nombreux organismes et programmes gouvernementaux qui se consacrent au soutien des entrepreneurs immigrants et les aident à surmonter ces obstacles.

Chez AGORAlliance : "Nous serons toujours là pour eux"


Anne-Solène Rioult

Cofondatrice

AGORAlliance,

l’incubateur/accélérateur pour les entrepreneur.e.s immigrant.e.s francophones

www.agoralliance.com

[1] Indice 2021 – Le nouveau visage des entrepreneurs québécois

[2] Résumé Impacts économiques du repreneuriat :

https://ctequebec.com/wp-content/uploads/2021/09/resume-impacts-economiques-du-repreneuriat_sept2021.pdf