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Intégration économique

MRC d’Arthabaska : une dynamique régionale particulière en immigration

Située dans la région du Centre-du-Québec, la MRC d’Arthabaska est composée de 22 municipalités, dont la ville centre de Victoriaville. Comme ces différentes municipalités présentent des réalités territoriales parfois fort différentes, notamment au niveau de l’accès aux services de proximité et aux ressources, il peut s’avérer ardu d’accueillir et d’intégrer adéquatement les nouveaux arrivants.

Débutant la mise en œuvre du Plan d’action territorial concerté en immigration 2022-2025, la MRC d’Arthabaska et ses cinq partenaires aspirent à ce que leurs actions puissent s’étendre dans les plus petites municipalités afin que les personnes immigrantes installées hors de Victoriaville puissent jouir des mêmes possibilités.

Sur ce point, de plus en plus de travailleurs étrangers temporaires (TET) s’installent dans de petites municipalités hors des grands centres. Face à ce constat, plusieurs initiatives visant à faciliter leur intégration ont vu le jour dans la MRC d’Arthabaska dans la dernière année. Et ce n’est qu’un début!

Du milieu agricole au secteur manufacturier, l’écosystème local du Centre-du-Québec s’engage à faire de leur région un réel milieu de vie pour ces travailleurs migrants.

Projet Agri-Intégration de l’UPA du Centre-du-Québec : faciliter l’intégration et la rétention des travailleurs agricoles

Pour ce qui est du secteur agricole, l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Centre-du-Québec a lancé le projet-pilote Agri-Intégration visant à faciliter l’intégration et la rétention de la main-d’œuvre agricole.  Le projet s’adresse à tout type de travailleur agricole et vise plusieurs entreprises de la région qui emploient des TET.

Offert à 15 municipalités et fermes à travers la région du Centre-du-Québec, Agri-Intégration coordonnera trois jumelages qui prendront place dans la MRC d’Arthabaska. À l’heure actuelle, les municipalités de Tingwick et de Saint-Samuel seront jumelées à des entreprises agricoles de leur territoire. Une place est encore à combler pour une municipalité et une entreprise agricole qui désireraient se joindre au projet.

En misant sur la proximité entre les différents acteurs qui interviennent auprès des travailleurs agricoles, ce projet mise à ce que chacun d’eux puisse jouir d’un accueil humain et personnalisé.

« C’est dans la ferme qu’on va chouchouter les travailleurs en partant de leurs besoins. Par exemple, si le producteur a besoin de soutien en ressources humaines, on va le soutenir […] si le travailleur a besoin d’aide pour aller chercher son numéro d’assurance sociale ou d’assurance-maladie, on va l’accompagner, etc. », explique Guylaine Martin, agronome et responsable du projet à l’UPA du Centre-du-Québec.

Crédit : Christian Drouin pour Agricarrières, 2020.

Deux travailleurs étrangers temporaires dans une entreprise porcine du Centre-du-Québec. Christian Drouin pour Agricarrières, 2020.

Agri-Intégration conçoit ainsi l’intégration des travailleurs agricoles au-delà de leur espace de travail, c’est-à-dire que le projet aspire à faire des municipalités qui accueillent ces derniers de réels milieux de vie.

« Ce que le projet veut, c’est rappeler l’importance que ces travailleurs ont pour le secteur agricole. Ils sont importants pour l’agriculture, on apprécie énormément leur travail et on veut qu’ils soient bien accueillis dans les communautés », ajoute-t-elle.

Les municipalités participantes sont également appelées à contribuer au projet en fournissant 1100$ afin de créer une capsule vidéo faisant la promotion des services offerts aux TET.  Les capsules seront traduites en espagnol et en anglais.

Agri-Intégration se termine le 31 décembre 2023.

L’entreprise Beaudoin de Daveluyville : s’approprier le processus de recrutement international de A à Z

Du côté industriel, l’entreprise Beaudoin est souvent nommée par les acteurs du milieu comme un exemple à suivre en matière d’’accueil et d’intégration de leurs TET. Située à Daveluyville, cette entreprise manufacturière de bases de lit compte présentement un peu moins de 100 employés qui travaillent à la production.

Il y a de cela plus de cinq ans, Beaudoin a accueilli ses deux premiers travailleurs migrants grâce à un service clé en main offert par une firme privée. En 2022, l’équipe des ressources humaines a décidé de développer son expertise afin de devenir autonome sur la question du recrutement international.

Ayant vécu les deux cas de figure, Annick Gravel, coordonnatrice des ressources humaines et Élisa Lesieur, conseillère en ressources humaines chez Beaudoin, considèrent que la prise en charge du processus RH leur a permis de bâtir une relation de confiance auprès des cinq TET sélectionnés de la Colombie avant même qu’ils arrivent au Québec.

« Dès le départ, c’est-à-dire dès que l’on a confirmé les embauches, on a eu un contact avec les travailleurs. Quand ils arrivent, l’expérience est vraiment différente parce qu’on les connaît déjà, on a déjà cerné les traits de caractère de chacun, donc leur intégration est plus adaptée », souligne Élisa Lesieur. Ces rencontres en amont ont également eu pour effet de rassurer les travailleurs migrants à chaque étape franchie durant la période pré-départ.

Une fois ces nouveaux employés arrivés à Daveluyville, l’équipe de Beaudoin prévoit une semaine d’intégration qui comprend une visite de la municipalité et de ses services, de l’accompagnement pour toutes les démarches administratives, l’achat de biens essentiels, etc.

L’entreprise a aussi à cœur de faire le pont entre les initiatives de la région et les TET. Parmi ses diverses initiatives pour faire découvrir la région et le Québec à leurs nouveaux employés, Beaudoin a par exemple coordonné une sortie à une partie de hockey à Victoriaville et a offert l’occasion pour ces derniers d’essayer leur première poutine, plat originaire de la région.

Deux travailleurs étrangers temporaires de Beaudoin essaient leur première poutine au Québec.

De gauche à droite : Luis Fernando Alcaraz Gutiérrez et Anthony Lopez Roman. Crédit photo: Élisa Lesieur, conseillère en ressources humaines chez Beaudoin.

Par ailleurs, Annick Gravel rappelle que l’intégration des travailleurs migrants doit être perçue comme étant bidirectionnelle. Dans la même mesure où ces derniers doivent s’adapter à leur nouveau lieu de travail, tout le personnel de l’entreprise est également amené à s’impliquer pour faciliter leur adaptation à leur nouveau chez-soi.

« Nous aussi on est en adaptation. Il ne faut rien tenir pour acquis. Parce qu’ils ont la force de caractère de quitter leur pays et leur famille, cela ne veut pas dire qu’ils vont être bien ici de façon naturelle sans vivre de deuils. De notre côté, on doit développer notre sensibilité ».

Sur ce point, l’entreprise a mis en place un système de jumelage entre certains employés et les nouveaux venus. Elle compte également sur l’implication de certains membres du personnel qui maîtrisent bien le français et l’espagnol pour agir à titre de facilitateur à l’intégration et d’interprète. Beaudoin a d’ailleurs reconnu la compétence de l’espagnol des employés concernés en leur offrant une prime salariale.

Il est intéressant de noter qu’à l’échelle de la MRC d’Arthabaska, la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR) offre désormais des services ayant pour objectif de soutenir les entreprises désirant accueillir des TET au sein de leur organisation.