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Point de vue de partenaire

Forces fraîches

22 avril 2024

David Gobeille-Kaufman

Mars 2020, la pandémie de COVID 19 atteint le Québec. À travers la province, les Québécois sont cloîtrés. Dans les centres urbains, les citoyens commencent à se demander à quoi bon rester en ville quand ils peuvent télétravailler de partout au monde. Les restaurants et bars sont fermés et il n’y a plus d’activités culturelles. Les attraits de l’urbanité semblent s’effriter.

Une tendance prend alors de l’ampleur: la migration des milieux urbains vers les milieux ruraux. On veut remplacer le béton par la verdure, les vues des gratte-ciel pour celle des grands espaces. Le lac des castors par le Fjord du Saguenay.

On pouvait déjà constater une tendance migratoire des villes vers les régions avant la pandémie, mais avec la fermeture des frontières, la tendance a pris de l’ampleur. Juste en 2020, 63 000 Montréalais quittaient l’île de Montréal pour les régions et plus de 10% des Québécois changeaient de région.

Pour ceux qui découvrent le Québec, cette tendance pourrait sembler anodine, pourtant la province se remet à peine d’une migration importante des régions vers les villes qui a duré près d’un demi-siècle. Les municipalités qui s’étaient construites autour des usines d’aluminium, des papeteries et des mines ont vu leurs travailleurs quitter un à un, au rythme des fermetures d’entreprises. En 2018, plus de 60% des Municipalités régionales de comté (MRC) présentaient des indices de vitalité négatifs et cherchaient des manières de diversifier leur économie.

À la vue de cette nouvelle vague migratoire, plusieurs questions se posaient.

Est-ce qu’on y on retrouve des entrepreneurs et des porteurs de projets qui désirent vivre et lancer des entreprises en région?

Est-ce une opportunité pour ces MRC d’attirer ces entrepreneurs et porteurs de projets afin de renforcer leur tissu entrepreneurial, diversifier leur économie, et ainsi augmenter leur résilience face aux défis économiques, sociaux et environnementaux actuels et à venir?

Et si on y retrouve des entrepreneurs et des porteurs de projets, quels sont leurs besoins d’information et d’outils pour favoriser leur intégration et maximiser leur chance de succès pour leurs projets au sein de leur communauté d’accueil?

C’est pour tenter des réponses à ces questions qu’en novembre 2020, les entreprises d’économie sociale Mangrove et le Bureau estrien de l’Audiovisuel et du Multimedia (Le BEAM) se sont allié pour lancer les Forces fraîches: une communauté qui a pour mission d’inspirer, outiller et favoriser le maillage entre les entrepreneurs et les porteurs de projets en migration à travers le Québec avec les organismes de développement économique des 17 régions du Québec.

La programmation des Forces fraîches offre une tribune à des acteurs de l’écosystème entrepreneurial de partout au Québec afin de partager leurs meilleures pratiques, leurs constats et leurs réflexions pour entreprendre et avoir de l’impact en région. Depuis le lancement de la communauté, plus de 250 organismes d’accompagnement et de financement ont participé à la programmation dont le Ministère du tourisme, la Zone Agtech, la SADC, La Ruche, Approvisionnement Canada, le conseil du patrimoine religieux du Québec et le Chantier de l’économie sociale.

On y offre également des espaces d’intelligence collective, nommé caucus, pour permettre aux porteurs de projets de toutes les régions du Québec de partager idées, leçons et pistes de solutions en mode intelligence collective. Une approche qui se veut inclusive ou tous sont les bienvenues.

On retrouve lors des activités de la communauté 50% de représentants de municipalités, de MRC et d’organisme de soutien aux entrepreneurs, et 50% de porteurs de projets et d’entrepreneurs à impact. Ces derniers sont très souvent des acteurs de changement qui désirent trouver des solutions aux défis de leurs communautés. Parmi eux on retrouve de jeunes parents, des multi-entrepreneurs, des entrepreneurs issus de la diversité culturelle et des aînées.

Parmi les thématiques les plus souvent adressées au sein de la communauté, il y a la revalorisation de bâtiments patrimoniaux, la santé communautaire, la sécurité alimentaire, la mobilité, le développement touristique responsable et durable, l’agriculture et le logement.

Après près de 3 ans d’activités, nous avons proposé 85 cliniques et caucus gratuits, organisé un sommet qui a rassemblé 350 participants en mode hybride à partir des Municipalités de Saint-Adrien, Sainte-Camille et Val-des-Sources dans la MRC des Sources en Estrie et réalisé 3 missions entrepreneuriales à impact pour jumeler des cohortes de 15 entrepreneurs avec les MRC de Brome-Missisquoi, Charlevoix-Est et des Laurentides, et ce n’est que le début !

À ce jour, 3 000 entrepreneurs, porteurs de projets, élus et agents de développement économique des 17 régions du Québec ont participé aux activités.

Et maintenant?

À la suite de plusieurs sondages, quatre thématiques prendront plus de place dans la programmation 2024-2025. 

Chantier 1 - la revalorisation des églises et bâtiments patrimoniaux

L’état lamentable de centaines d’églises et de bâtiments patrimoniaux qui manque d’entretien ou littéralement laissé à l’abandon à travers la province est un défi majeur pour les municipalités et les communautés à travers la province. Selon le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ), on dénombre en 2024 près de 800 églises en mutation, des projets de revalorisation portés par des municipalités et des groupes de citoyens. 

Chantier 2- La collaboration tripartite élu, fonctionnaire et porteur de projet

Plusieurs jeunes élus ont mis en lumière leur défi de s’intégrer à leurs conseils municipaux, souvent confronté à une vieille garde réfractaire à l’innovation. Des porteurs de projets ont également exprimé leur sentiment de ne pas être compris lorsqu’ils présentent des solutions innovantes à des conseils municipaux et des fonctionnaires en milieu régional. Finalement, plusieurs fonctionnaires ont partagé leur sentiment de déconnexion avec les conseils municipaux. Comment favoriser la collaboration entre ces trois parties prenantes névralgiques au développement de nos communautés ?

Chantier 3 – Vieillissement 

En 2011, une personne sur 6 au Québec était âgée de 65 ans et plus. Si la tendance se maintient, en 2035, ce sera le cas de 1 personne sur 4, et en 2061, 25% des Québécois auront plus de 85 ans. Avec le vieillissement de la population vient une série de défis que nous aurons à relever collectivement liés entre autres à la santé, à la mobilité, à l’hébergement et au marché du travail. 

Chantier 4 – Santé et mieux-être des porteurs de projets

75% des entrepreneurs ont déjà souffert, ou connaissent un autre chef d’entreprise qui a souffert d’enjeux de santé mentale qui ont nécessité un arrêt de travail, selon un sondage de la Fédération des chambres de commerce du Québec mené entre le 22 août et le 10 septembre 2023. Quand on sait que la plupart des porteurs de projets de la communauté sont dans des organisations informelles ou de petites tailles qui ne comptent pas d’assurance invalidité, leur santé globale devient primordiale, car ils n’ont pas ou peu de filet de sécurité.

Comment être plus accueillant pour les nouveaux arrivants ?

Malgré la présence de porteurs de projets issus de l’immigration, nous sommes conscients que nous avons du travail à faire pour que notre programmation et nos événements soient plus accueillants et inclusifs. C’est dans cet ordre d’idée que nous tissons des liens avec l’équipe de PROMIS, et nous sommes très intéressés à vous entendre sur comment y arriver.

Si vous avez des idées ou des recommandations à nous faire, n’hésitez pas à nous écrire au david@mangrovecanada.ca.

Pour découvrir et rejoindre la communauté des Forces fraîches : www.forcesfraiches.ca