Quand le cœur du Québec bat en région : la régionalisation comme promesse d’enracinement
19 mai 2025
Élima Diabong
Il y a, au-delà des grandes villes, un Québec que l’on découvre souvent par hasard… et qu’on choisit ensuite par conviction. Un Québec des forêts et des vallées, des visages accueillants, des écoles de village, des rivières généreuses et des sourires sincères. Ce Québec-là, c’est celui des régions, et il a tant à offrir à celles et ceux qui ont choisi de tout recommencer ici, ailleurs.
La régionalisation de l’immigration n’est pas qu’une politique d’équilibre démographique. C’est une invitation au partage, à l’enracinement et à la co-construction d’un avenir commun. C’est un pari sur l’humain : celui de croire que la diversité ne fragilise pas une région, elle la renforce.
Et si le véritable accueil ne se jouait pas dans la foule, mais dans la proximité ?
Et si les régions devenaient le véritable laboratoire de l’inclusion au Québec ?
Dans cette perspective, la Chaudière-Appalaches se révèle comme un territoire d’opportunités, de solidarité et de renouveau, où les histoires d’immigration s’écrivent à hauteur d’humain, une rencontre à la fois.

Chaudière-Appalaches : une terre d’accueil et de racines pour les personnes immigrantes
Nichée entre lacs et montagnes, la région de Chaudière-Appalaches est bien plus qu’un territoire géographique : c’est une terre d’accueil, d’opportunités et d’enracinement pour de nombreuses personnes immigrantes venues du monde entier. Connue pour sa nature généreuse, ses municipalités à taille humaine et ses communautés tissées serrées, cette région offre un cadre idéal pour vivre, travailler, entreprendre… et s’épanouir.


Découvrir la Chaudière-Appalaches autrement
Lorsque je suis arrivée au Québec, comme bien des immigrants, je pensais naturellement m’installer en ville. Mais la vie m’a menée à Thetford Mines, puis à Montmagny. Ce que j’y ai découvert, ce sont des régions vivantes, solidaires, et prêtes à s’ouvrir à la diversité, parfois timidement, mais toujours sincèrement.
La Chaudière-Appalaches, c’est une mosaïque de réalités rurales et urbaines. On y trouve des usines innovantes, des PME florissantes, des fermes centenaires, mais aussi des écoles dynamiques, des centres communautaires actifs et une volonté grandissante de bâtir un Québec plus inclusif… région par région.
Des initiatives pour rapprocher les cultures
Depuis quelques années, j’ai eu le privilège de coordonner ou d’appuyer plusieurs projets favorisant le rapprochement entre les personnes immigrantes et la communauté d’accueil.
Parmi les moments forts :
• La visite des femmes immigrantes chez les fermières de Saint-Éphrem-de-Beauce, organisée lors de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles. Résultat : des échanges riches entre femmes venues d’ailleurs et femmes enracinées ici depuis des générations, autour de la couture, de la cuisine, et de récits de vie partagés. (Voir reportage de RDI ici : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2130221/liaison-femme-immigrant-cercle-fermiers
• Un pique-nique interculturel à Thetford Mines, rassemblant plus de 100 personnes autour de plats d’ici et d’ailleurs, avec de la musique, des jeux pour enfants, et surtout, beaucoup de sourires. Cet événement a montré que l’interculturalité peut se vivre dans la simplicité, l’authenticité… et le plaisir d’être ensemble.
• Le Festicultures de la Beauce, organisé par le Centre d’aide aux personnes immigrantes et leurs familles (CAPIF) basé à Sainte-Marie, est un événement incontournable qui revient chaque année en force. Ce festival célèbre la richesse culturelle des communautés immigrantes et locales à travers des spectacles, des dégustations, des prestations artistiques et des activités pour toute la famille. C’est un véritable carrefour d’échanges, où les différences deviennent des ponts et où l’on célèbre ensemble l’appartenance à un Québec pluriel, chaleureux et vivant.
•Entreprendre en région : un levier d’inclusion
L’une des plus belles découvertes que j’ai faites en Chaudière-Appalaches, c’est que les personnes immigrantes ne veulent pas seulement “s’intégrer” : elles veulent contribuer, créer, bâtir avec les autres.
Et quoi de mieux que l’entrepreneuriat pour y parvenir ?

Prenons l’exemple de Dieudonné, un jeune entrepreneur qui a ouvert un salon de coiffure afro à Thetford Mines. Le Salon Dieudonné Barbier est aujourd’hui bien plus qu’un lieu de services capillaires : c’est un espace communautaire, où les jeunes se rencontrent, discutent, partagent leur vécu. Un pont entre traditions africaines et modernité québécoise.
Autre exemple : OLUStudio, un studio créatif dirigé par un jeune entrepreneur haïtien issu de l’immigration. Basé en région, ce studio propose des services de design graphique, de création de contenu et d’accompagnement numérique pour les organismes, artistes et institutions locales. Une entreprise qui démontre qu’on peut rayonner à partir des régions, tout en nourrissant l’économie sociale et culturelle.
Ces parcours nous rappellent une chose essentielle : les régions ont tout à gagner à soutenir les talents de la diversité. Car derrière chaque projet, il y a une volonté de bâtir un avenir ici, avec et pour la communauté.

Les enfants de la diversité enracinés ici
La Chaudière-Appalaches est aussi une région où les enfants issus de l’immigration s’épanouissent. Mes propres enfants sont nés et ont grandi à Thetford Mines. Ils participent à des spectacles scolaires, jouent au hockey, font du théâtre et de la musique. Ils ont appris à conjuguer leur double identité, avec fierté et naturel.
Et pour favoriser cet enracinement, il faut des écoles ouvertes, des services de garde inclusifs, des loisirs accessibles à tous. Heureusement, de plus en plus de municipalités de la région comprennent l’importance d’offrir un accueil global aux familles immigrantes.
Quand la diversité enrichit l’identité régionale
Il ne s’agit pas d’un simple “ajout culturel”. L’arrivée de personnes immigrantes transforme et revitalise la culture régionale elle-même.
Quand une communauté accueille une femme haïtienne qui lance une garderie, un père marocain qui devient entraîneur de soccer, une étudiante colombienne qui crée un balado, ou une autrice sénégalaise qui anime des ateliers jeunesse comme Bibi le Brocoli, c’est toute l’identité de la région qui s’élargit, s’enrichit, s’ouvre.
Et cela ne se fait pas au détriment de la culture québécoise : au contraire, cela lui donne de nouveaux visages, de nouvelles voix, de nouvelles couleurs.
Ce qu’il reste à bâtir ensemble
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Les défis demeurent : transport en commun limité, accès au logement parfois difficile, isolement culturel, besoin de formation des milieux d’accueil, etc.
Mais l’espoir est là. Il réside dans la volonté des acteurs locaux de faire mieux, dans la curiosité bienveillante des citoyens, dans l’audace des immigrants qui choisissent les régions pour y vivre et y rêver grand.
Il réside aussi dans les partenariats entre organismes communautaires, institutions, municipalités et entreprises pour bâtir des ponts durables entre les nouveaux arrivants et leur milieu.
La Chaudière-Appalaches, territoires de possibles
Aujourd’hui, dans mon nouveau rôle au sein de Montmagny Accueil, je continue d’accompagner celles et ceux qui font le pari des régions. Ensemble, nous bâtissons un milieu de vie accueillant, dynamique et inspirant pour toutes les familles, peu importe leur origine.
Je vous invite à découvrir la Chaudière-Appalaches et ses villes comme Montmagny et, à rencontrer ses gens chaleureux, à goûter à son rythme de vie humain et à découvrir tout ce qu’une région peut offrir quand elle choisit d’ouvrir grand ses bras à la diversité.
La régionalisation de l’immigration, ce n’est pas une stratégie : c’est une chance. Pour les personnes immigrantes, qui y trouvent un espace pour se réaliser. Et pour les régions, qui gagnent en vitalité, en créativité, en humanité.
À tous ceux et celles qui hésitent encore : venez voir, venez vivre, venez bâtir.
La Chaudière-Appalaches vous attend.