La capacité d'accueil : entre concept et volontés

Par les temps qui courent, les débats sur l’immigration au Québec sont souvent conditionnés par la notion de la capacité d’accueil d’une ville, d’une MRC, d’une région ou même de la province. Mais quelle est cette notion qui se veut un critère déterminant pour recruter et accueillir des personnes immigrantes ? Est-ce une notion scientifique et objective ou bien est-ce un concept malléable voguant selon les volontés subjectives, sur le plan national ou local, d’accueillir un plus grand nombre de personnes immigrantes ?

Voilà ce que ce numéro tentera d’explorer. Nous aborderons les façons dont différents schèmes de référence sont utilisés pour établir le nombre de personnes immigrantes requis pour les besoins de main-d’œuvre ou pour contrer les effets de vieillissement de la population et du déclin démographique.

Pour ceux et celles mettant de l’avant cette approche, la notion de la capacité d’accueil est intimement liée aux réalités objectives du nombre d’emplois disponibles, du nombre de logements vacants ou encore de la situation des autres services de base (ex : garderies) capables de les accueillir. Pour les commentateurs critiques de cette approche, ces éléments, même si importants, ne sont pas fixes ou immuables. Ils soutiennent qu’il est possible d’élargir les services disponibles, d’ajouter des ressources ou d’assurer à moyen terme le développement d’un nombre de logements à la hauteur des besoins.

Dans cette perspective, les acteurs locaux et nationaux peuvent aussi agir de façon concertée pour déployer les ressources et infrastructures nécessaires pour accueillir les personnes immigrantes essentielles au développement des localités. Cette situation ouvre la porte à des possibilités de créer de nouveaux partenariats privés, publics et communautaires. Actuellement l’absence de ces formes de partenariats sur le terrain semble plutôt le reflet des limites des actions déployées en silo que la représentation de contraintes réelles.

Il est reconnu parmi plusieurs experts en la matière que la venue de plus de personnes immigrantes qualifiées aura un effet multiplicateur important pour contribuer au développement des régions et des localités. Dans cette optique, deux options se présentent à nous, soit de voir le monde avec ses limites et de rester confiner dans nos craintes, soit de voir le monde avec son potentiel et de devenir plus expansif en toute confiance.

Ultimement, il nous semble que la capacité d’accueil est parfois plutôt conditionnée par les positions politiques de périodes passagères que par la disponibilité de ressources physiques ou de la volonté des populations locales. Comme nous disons dans le langage populaire: « Quand on veut, on peut ».

Dans ce sens, nous pensons qu’il est primordial de saisir, dans un cadre ordonné, les opportunités qu’offrent l’immigration sur le plan du développement social et économique pour le Québec afin d’assurer notre croissance à l'avenir plutôt que de simplement conserver nos acquis au présent.